Sur la piste du désert

Un ami tailleur de pierre nous fait part de son expérience de chantier dans un pays où la chaleur et le désert rendent presque impossible le travail. Il nous partage son expérience hors du commun.

COLLABORATION

2/8/20235 min read

Il est 10 h 30, lorsque nous arrivons avec nos vélos chargés dans la ville de Regensburg (Ratisbonne pour les français). Ce matin-là, nous garons nos bolides au pied de la cathédrale. Devant l’atelier des tailleurs de pierre. Au premier regard, il ressemble à une maison champêtre, qui nous amène loin de la ville. Un jardin planté de pierres taillées et de pots de fleurs entourent les murs en moellons qui nous accueillent chaleureusement. Tout comme son Leiter de la Domebauhütte*, Matthias Baumüller.Regard perçant et sincère, fervent passionné de son métier et de “sa” cathédrale. Matthias s’apprête à nous faire vivre l’une des plus belles visites de notre vie. Un voyage dans le voyage. Six heures et trente minutes continues, qui nous mènera à découvrir de multiples recoins de la cathédrale.

CET ÉTÉ UN DE NOS AMI EST PARTI DANS LE DÉSERT. IL A TRAVAILLé PLUSIEURS SEMAINES EN TANT QUE TAILLEUR DE PIERRE. DANS CET UNIVERS HOSTILE OU LE SOLEIL TAPE CONSTAMMENT, LES HABITUDES DU MÉTIER ET LE QUOTIDIEN SONT VITE REMIS EN QUESTIONS. NOUS AVONS LA CHANCE QU'IL AIT Accepté DE PARTAGER SON EXPÉRIENCE DANS L'ARTICLE QUI SUIT.

Selon la volonté de l'auteur, aucuns noms ni localisation seront cités.

J’ai eu l’opportunité au mois d’août 2022 de partir travailler, en dehors de la France et des frontières de l’Europe. J’avais envie de sortir de ma zone de confort, et la proposition d’emplois tombe à pic. J’ai donc sauté dans l’avion direction le désert. Premier vrai grand voyage, première mission à l’étranger. Nous sommes accueillies au terminal d’arrivée par notre singe¹ ; cheveux longs, sourire aux lèvres et santiag aux pieds. Direction l’hôtel où nous sommes briffés sur le chantier : nous devons réaliser la pose d’un monument indien, une œuvre moghole du XVI -ème siècle acquise dans le Rajasthan.

7 h 00, départ pour le chantier, perdu au milieu du désert. Il est tôt, mais la chaleur est déjà accablante. Pour arriver sur le lieu de travail, nous avons dû passer trois postes de garde. Beaucoup tiennent des fusils d’assaut : autre terre, autre règle. C’est un territoire bien étrange pour celui qui vient de l’occident. Le ciel est bleu-gris, la terre, d’un jaune brun monochrome, s’étalant à perte de vue. Il fait pas loin de cinquante degrés. Malgré tout, nous nous mettons au travail rapidement, le temps est court, il faut être efficace.

C’est au cours de cette première journée que je découvre vraiment mon équipe. Et la cohésion est dure à trouver. La première semaine est très difficile, notre singe¹ a dû rentrer en France en urgence et nous sommes en free-lance total. La chaleur est intense, chaque action demande un effort énorme. Nous ratons l’implantation de notre ouvrage, il faut bûcher², recommencer. Fin de la première semaine, le reste de l’équipe arrive. Nous sommes quatre pierreux³, nous travaillons la même matière, parlons le même langage… La machine est lancée. Deux semaines plus tard, nous arrivons au bout de notre ouvrage et du chantier. Ce fut dur, mais instructif, les chantiers français paressent, du coup, étrangement plus confortable, mais pas forcément aussi enrichissant. Mais avec le travail, il ne faut pas oublier le voyage, sur les derniers jours, nous en profitons pour aller visiter le désert.

Tout y est différent, les bruits, surtout l’écho de ces pas sur la grande terre vide. Nous explorons un peu la ville, et en marchant dans ces rues droites tendues au cordeau, encadrée d’immeuble en béton tellement froid malgré la chaleur.

Il y a une phrase de l’étranger de Camus qui me vient à l’esprit : « Ils voulaient être seul, avancer seul, puisque seul, ils avaient bâti dans le sel et le sable une froide citée torride. »

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Singe : Expression afin de nommer le chef ou maître d'œuvre du chantier.

Image libre de droits

Bucher : Action de retirer de la matière.

Pierreux : Tailleur de pierre

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CET ÉTÉ UN DE NOS AMI EST PARTI DANS LE DÉSERT. IL A TRAVAILLé PLUSIEURS SEMAINES EN TANT QUE TAILLEUR DE PIERRE. DANS CET UNIVERS HOSTILE OU LE SOLEIL TAPE CONSTAMMENT, LES HABITUDES DU MÉTIER ET LE QUOTIDIEN SONT VITE REMIS EN QUESTIONS. NOUS AVONS LA CHANCE QU'IL AIT Accepté DE PARTAGER SON EXPÉRIENCE DANS L'ARTICLE QUI SUIT.

Selon la volonté de l'auteur, aucuns noms ni localisation seront cités.

J’ai eu l’opportunité au mois d’août 2022 de partir travailler, en dehors de la France et des frontières de l’Europe. J’avais envie de sortir de ma zone de confort, et la proposition d’emplois tombe à pic. J’ai donc sauté dans l’avion direction le désert. Premier vrai grand voyage, première mission à l’étranger. Nous sommes accueillies au terminal d’arrivée par notre singe¹ ; cheveux longs, sourire aux lèvres et santiag aux pieds. Direction l’hôtel où nous sommes briffés sur le chantier : nous devons réaliser la pose d’un monument indien, une œuvre moghole du XVI -ème siècle acquise dans le Rajasthan.

7 h 00, départ pour le chantier, perdu au milieu du désert. Il est tôt, mais la chaleur est déjà accablante. Pour arriver sur le lieu de travail, nous avons dû passer trois postes de garde. Beaucoup tiennent des fusils d’assaut : autre terre, autre règle. C’est un territoire bien étrange pour celui qui vient de l’occident. Le ciel est bleu-gris, la terre, d’un jaune brun monochrome, s’étalant à perte de vue. Il fait pas loin de cinquante degrés. Malgré tout, nous nous mettons au travail rapidement, le temps est court, il faut être efficace.

C’est au cours de cette première journée que je découvre vraiment mon équipe. Et la cohésion est dure à trouver. La première semaine est très difficile, notre singe¹ a dû rentrer en France en urgence et nous sommes en free-lance total. La chaleur est intense, chaque action demande un effort énorme. Nous ratons l’implantation de notre ouvrage, il faut bûcher², recommencer. Fin de la première semaine, le reste de l’équipe arrive. Nous sommes quatre pierreux³, nous travaillons la même matière, parlons le même langage… La machine est lancée. Deux semaines plus tard, nous arrivons au bout de notre ouvrage et du chantier. Ce fut dur, mais instructif, les chantiers français paressent, du coup, étrangement plus confortable, mais pas forcément aussi enrichissant. Mais avec le travail, il ne faut pas oublier le voyage, sur les derniers jours, nous en profitons pour aller visiter le désert.

Tout y est différent, les bruits, surtout l’écho de ces pas sur la grande terre vide. Nous explorons un peu la ville, et en marchant dans ces rues droites tendues au cordeau, encadrée d’immeuble en béton tellement froid malgré la chaleur.

Il y a une phrase de l’étranger de Camus qui me vient à l’esprit : « Ils voulaient être seul, avancer seul, puisque seul, ils avaient bâti dans le sel et le sable une froide citée torride. »

Singe : Expression afin de nommer le chef ou maître d'œuvre du chantier.

Image libre de droits

Bûcher : Action de retirer de la matière.

Pierreux : Tailleur de pierre